Fokker D XXI
2e JaVA    05/1940
Si le Fokker D XXI fut dénommé « le chasseur des pauvres », il le doit avant tout à sa conception basée sur des techniques éprouvées et à un faible coût de mise en œuvre.

En effet l’avion est destiné à répondre aux besoins de l’aviation militaire des Indes néerlandaises (LA-KNIL), dans le but de défendre la colonie de l’expansionnisme japonais.


Le premier vol a lieu le 26 février 1936. Alors que les essais se poursuivent, le constructeur apprend que la LA-KNIL ne commande finalement pas l’appareil. Elle préfère donner la priorité à l’aviation d’attaque et de bombardement.

La LVA, la force aérienne de métropole, refuse aussi la série car elle souhaite un avion plus rapide.

C’est finalement la Finlande qui signe la première commande, ainsi que l’achat de la licence de fabrication, sauvant par la même le projet.

L’appareil répond aux besoins de ce pays pour les raisons suivantes : un faible prix, l’utilisation possible à partir de terrain peu préparé, la facilité d’entretien et de construction.

D’autres nations se montrent intéressées comme l’Espagne ou le Danemark qui en recevra quelques exemplaires. Finalement, devant la montée des périls et la nécessité d’un rééquipement rapide, la LVA passe une commande de 36 exemplaires. Ils sont équipés d’un moteur plus puissant que le modèle finlandais et possèdent d’autres améliorations. Pour la LVA, ces avions sont destinés au soutien de l’armée de terre mais ils vont finalement constituer le fer de lance de la chasse néerlandaise en 1940, avec le bimoteur Fokker G.1A.

 

Les premiers appareils sont livrés en juillet 1938.

Ils sont alors déjà démodés face aux meilleurs chasseurs anglais ou allemands de l’époque.

Le moteur Bristol Mercury VIII, avec une puissance de 760 CV, permet d’atteindre à 5100 m une vitesse maximum de 460 km/h.

Les Spitfire ou Bf 109 ont alors un avantage de plus de 100 km/h.

Le Fokker peut atteindre un plafond de 11 000 m.

Il est armé de 4 mitrailleuses FN Browning de 7,9 mm.

Le D XXI possède néanmoins des qualités : très maniable, avec une bonne vitesse de montée car sa légèreté lui assure un meilleur rapport poids/puissance.

Autres atouts de l’avion : la tenue alliée à une bonne vitesse en piqué, enfin c’est aussi une excellente plate-forme de tir.


Aux Pays-Bas, la carrière opérationnelle des D XXI est courte, mais très intense lors de l’offensive de mai 1940.

Evidemment leur petit nombre est insuffisant pour endiguer la lame de fond de la Luftwaffe.

Cependant les pilotes vont vendre chèrement leur peau, décollant bien souvent sous une pluie de bombes. Ils se payent le luxe d’obtenir plusieurs victoires sur des Bf 109 et Bf 110, tout en prélevant leurs tributs de bombardiers et de Ju 52 allemands.

La carrière de l’avion en Finlande est tout autre, puisqu’il vont constituer le fer de lance de la chasse de ce pays, lors de la première guerre d’hiver contre les Soviétiques. Il devient alors le cheval de bataille des futurs grand as finlandais et sera utilisé jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale.

 


Le 11/05, les ordres sont d’effectuer des missions d’escortes de bombardiers et d’attaques au sol.

Il s’agit de protéger la principale ligne de défense néerlandaise.


Dans l'après-midi, trois D XXI, dont le 213 piloté par le Lt Focquin de Grave, escortent des bombardiers T 5 près de Rotterdam.

C’est alors que douze Messerschmitt Bf 110 surgissent.

Focquin de Grave s’interpose et attire sur lui six Bf 110.

Il en abat un et en endommage un second qui perd de l’altitude.

Malheureusement, touché par la DCA, il doit atterrir sur une route truffée d’obstacles et capote.

Les Bf 110 mitraillent copieusement le 213, mais le pilote a heureusement le temps de se réfugier sous un pont, et parviendra à atteindre un hôpital grièvement blessé.


Son avion achève là sa carrière.



 

Sources:

“Le Fokker D.21”, Peter de Jong (Lela Presse),

Revue “Batailles Aériennes” n°9: “la Campagnes des Pays-Bas”, Michel Ledet,

Revue ”Ciel de Guerre n°8: “mai-juin 1940, la chasse au combat”,

Hors-série n° 8 de la revue Wing-Masters: “1940, la Luftwaffe attaque”,

Internet.

Le 10/05/1940, l’escadrille est basée à Schiphol .

Ce jour du début de l’offensive, la chasse néerlandaise va s’efforcer de défendre ses bases sous le déluge des bombes.

Le Lt Focquin de Grave est affecté à la 1e JaVA.

Il remporte ce jour là, sa première victoire sur un Bf 109, lors d’un combat au-dessus de la base de De Kooy.


Au soir du 10 mai, les D XXI survivants sont regroupés en une seule unité basée à Buikloot.

Le “213” en fait parti.

Un de ses ailiers, le Sgt. Koos Roos, touché par trois Bf. 110, largue sa canopée pour sauter.

Ce faisant, cette dernière touche le moteur de son poursuivant, qui rompt le combat.

Se réfugiant dans un nuage, il en sort ensuite pour retrouver devant lui un Bf 110, qu’il tire dans une position idéale, avant d’être pris pour cible par un autre bimoteur.

Touché finalement par la DCA, il se parachutera dans un piteux état, et sera hospitalisé jusqu’en 10/1942.

L’épave de son avion a été retrouvée en 1993, elle est visible dorénavant dans un musée.

La maquette représente le n° 213, tel qu’il devait être le jour où il fut abattu, mais aussi où il enregistra sa seule victoire aérienne, avec le Lt Focquin de Grave comme pilote (au centre sur la photo).



Cet avion est le second livré à la LVA.

Après plusieurs accidents d’atterrissage, il est en réparation chez Fokker en 09/1939.

Il reçoit alors une nouvelle peinture et les insignes triangulaires de neutralité.

Enfin, il est équipé d’un matériel radio.

L’avion est ensuite affecté à la 2e JaVA (escadrille de chasse) en 02/1940.