Curtiss H75 A-1
GC I/4  2e escadrille  05/1940

Le modèle 75 fut conçu par Curtiss pour répondre à une commande de l’USAAF, portant sur un avion de chasse moderne.

Désigné P 36, il se classe second au concours de 1936, derrière le Severski P 35.

Avec l’adoption d’un moteur Pratt et Whitney R 1830 Twin Wasp, c’est finalement le Curtiss qui hérite de la plus grosse commande américaine enregistrée depuis 1918, avec plus de 200 exemplaires.

Livrés à partir de 1938 aux unités de l’USAAF, ils sont dès 1940, transférés dans des unités secondaires.

C’est pourtant avec cet avion, que les pilotes américains vont enregistrer à Pearl Harbor,  leurs deux premières victoires de la seconde guerre mondiale.


Dénommé Hawk 75, c’est en fait à l’exportation que le modèle va rencontrer ses plus grands succès, et notamment avec la France qui en utilisera le plus grand nombre.

Plus de 300 H75 sont en effet  livrés à l’Armée de l’Air, essentiellement dans trois versions se distinguant par le moteur et l’armement : A1, A2, et A3.


 



La maquette représente un des 100 modèles H75 A-1 livrés à l’Armée de l’Air.

Cette première version est la moins performante.

Elle est motorisée par un 14 cylindres en double étoile Pratt & Whitney de 950 CV (R1830 SCG).

Cela lui permet d’atteindre une vitesse maximum de 487 km/h.

Le plafond pratique va jusqu’à 10 000 m, et l’autonomie maximum est de 1470 km.

Sur ce type, l’armement se résume à quatre mitrailleuses FN-Browning de 7,5 mm.

Les modèles A-2 et A-3 comportent deux armes supplémentaires dans les ailes.


La décoration portée est celle de la 2e escadrille du Groupe de Chasse I/4.

Au début de la Campagne de France, cette unité est basée à Wez-Thuisy dans la Marne.

Puis elle se rapproche du front du Nord, à Norrent-Fontes et Dunkerque-Mardyck.

A l’arrêt des combats du 18/06/1940, le GC I/4 revendique un total de 36 victoires sûres et huit probables.


 


Georges Lemare est né le 16 novembre 1917, à Barenton (Manche).

Engagé à 19 ans, il passe avec succès son brevet de pilote à l'école Hanriot de Bourges en juillet 1937.


En septembre 1939, il est sergent à la 4e Escadre de Chasse stationnée à Reims et est immédiatement engagé avec son unité, la 2e escadrille du Groupe de Chasse 1/4, équipée de "Curtiss H75".

Il s'octroie le 13 janvier 1940, un des premiers appareils allemands de la guerre, un "Dornier 17", qu'il contraint à atterrir sur le sol de France.

Le 20 mai 1940, il donne sa pleine mesure avec une patrouille composée d'Eric d'Alençon, Robert Milbeau et Lemare qui abat un Junkers Ju 88.

A l'Armistice, il a quatre citations à l'Ordre de l'Armée et il part avec son unité à Dakar, où il restera jusqu'en juillet 1942.


Il rentre en France, se fait surprendre par les événements de novembre 1942, s'évade immédiatement et fait six mois de prison en Espagne. Mais il a la joie de retrouver ensuite, en Afrique du Nord, son ancienne unité, la 2e escadrille du Groupe 1/4, et son chef le capitaine Delfino.

Equipé de  P.39 Airacobra et stationné à la Reghaia, le 1/4 exécute des patrouilles côtières.


Ces missions routinières, ces heures de surveillance de convois et les Allemands trop rares, le décident à suivre avec enthousiasme son commandant d'escadrille, le capitaine Delfino, pour aller combattre en Russie au "Normandie" qu'il rejoint le 18 mars 1944.

Là, il fait merveille. Chasseur né, Lemare a le "sens de la place" et il est chef de dispositif. Il glane sept citations à l'Ordre de l'Armée et une à l'Aviation de Chasse. Il rentre en France avec treize victoires officielles qui le classent parmi les "As" de la chasse française. Le 26 janvier 1948, il s'écrasera à Romainville aux commandes d'un Bloch 161.


 

Sources:

“Les Ailes Françaises 1939-1945”, Arnaud Prudhomme,  n° 1 à 3,

“L’Aviation Française de 1939 à 1942”, Dominique Breffort et André Jouineau (Histoire & Cllections),

Revue “Ciel de Guerre” n° 8,

“L’aviation de chasse française 1918-1940”, Jean Cuny et Raymond Danel (Editions Larivière),

Divers n° des revues “Avions” et “Batailles Aériennes”,

Internet.

Les unités équipées de Curtiss sont engagées dès le début des hostilités et elles vont enregistrer les meilleurs scores de cette campagne, avec un total dépassant les 300 victoires, sûres et probables. Ainsi, la plupart des as français le seront sur cet avion.


Pourtant, le H 75 peut être considéré comme dépassé à la fin de la “Drôle de Guerre”: atteignant tout juste les 500 km/h avec la version A-2, son manque de performance face au Bf 109 E est indéniable.

Beaucoup jugent son armement trop faible et son blindage insuffisant.

En revanche, c’est un appareil robuste qui possède une excellente vitesse en piqué, pouvant dépasser les 700 km/h.

Sa principale qualité reste néanmoins une remarquable maniabilité, supérieure à celle du MS 406 ou du D 520, pourtant bien pourvus dans ce domaine.

Ainsi, cela permettait aux pilotes français de se sortir de la mêlée, face à un adversaire systématiquement en surnombre.


Avec cet appareil , le sergent Georges Lemare enregistre ses deux premiers succès.

Si celui-ci va ensuite ajouter un Swordfish Britannique en défendant Dakar, c’est surtout au sein de l’escadrille Normandie Niémen qu’il donnera toute sa mesure.

Il termine la guerre avec 13 victoires officielles.