Henschel Hs 123 A1
II / LG 2 6e staffel 05/1940
Le Henschel Hs 123 est un avion qui a connu pendant la seconde guerre mondiale une carrière particulière. Techniquement dépassé, c'est véritablement un anachronisme dans l'arsenal de la Luftwaffe au démarrage du conflit.

Plusieurs fois prévu pour être versé au rebut, son efficacité va lui permettre de connaître une carrière étonnamment longue, survivant même à ses successeurs potentiels.


L'appareil est développé en 1934 pour répondre à une demande du Ministère de l'Air Allemand pour un chasseur apte au bombardement en piqué.

Inspiré du Curtiss Hawk II, c'est un sesquiplan de facture conventionnelle car il doit être rapidement mis en service afin d'équiper la Luftwaffe naissante.

Il s'agit d'une commande de transition dans l'attente de la mise au point du futur Junker 87 Stuka.

Sa caractéristique la plus moderne est l'utilisation d'une structure entièrement métallique, l'aile étant partiellement entoilée.


Le premier des trois prototypes commandés vole en avril 1935,  pour être présenté ensuite le 08 mai 1935 devant les officiels de la Luftwaffe. La démonstration est assurée par Ernst Udet, ancien As de la Grande Guerre.

Les essais des prototypes sont réalisés à Rechlin et sont marqués par deux incidents majeurs. En effet deux des appareils s'écrasent au sol pendant des essais de piqué, coûtant la vie à leur pilote.

L'enquête consécutive à ces accidents révèle de graves défauts au niveau du plan supérieur.  Les modifications nécessaires sont effectuées, permettant à l'avion d'exécuter des piqués avec des angles de 80°.

Cependant la démonstration d’ Ernst Udet avait déjà convaincu les officiels de lancer la production.

 

Les premiers Hs-123 A-1 sont propulsés par le BMW-132.Dc de 880 ch, un 9 cylindres en étoile dérivé du Pratt et Whitney Hornet.

L'avion est armé de deux mitrailleuses MG-17 de 7,92 mm tirant, du capot-moteur, à travers le champ de l'hélice. Mais la puissance de cet appareil réside surtout dans la bombe de 250 kg qu'il est capable d'emporter, bombe qui peut être remplacée par un reservoir supplémentaire. Chacun des plans inférieurs peut supporter deux autres projectiles de 50 kg.

L'appareil peut atteindre une vitesse maximale de 340 km/h à 1200 m et 550 km/h en piqué avec sa charge.

Son autonomie maximum est de 860 Km mais 750 Km avec 100 Kg de charges et 325 Km avec 200 Kg.


Si son principal défaut est son faible rayon d'action, cela est compensé par sa capacité à décoller et atterrir sur des distances très courtes et sur des terrains peu préparés.  Mais l'appareil est surtout loué pour sa rusticité et une remarquable robustesse.

Malgré ses qualités, c'est à peine plus de 260 exemplaires qui sortent des chaînes en 2 versions A-1 et B-1, la différence portant sur le revêtement de l'aile entièrement métallique sur le B-1.

D'autres améliorations sont réalisées en cours de production et même sur les machines déjà produites, comme l'ajout d'un carénage dorsal ou le renforcement de la protection.

 
Le Hs-123 entre en service à l'automne 1936 et une poignée est envoyée en Espagne pour opérer au sein de la Légion Condor.

La première mission est réalisée en janvier 1937 et cette guerre civile va permettre de forger la réputation de l'avion.

Le commandement de la Légion Condor a été confié à Wolfram Freiherr von Richthofen, hors celui-ci est hostile à la technique du bombardement en piqué. Les Henschel sont donc surtout utilisés comme avion d'attaque au sol en vol rasant.

Leurs moteurs lancés à plein régime sèment l'épouvante au sein des troupes ennemies, le bruit terrifiant imitant le tir de plusieurs mitrailleuses lourdes.

L'épreuve du feu est passé avec succès, les Espagnols surnomment ces avions "Los Angelitos" et ils seront livrés d'une douzaine d'appareils.

Des avions sont aussi vendus aux Chinois et ils sont engagés au printemps 1938 contre les navires japonais sur le Yangzé.


En Allemagne pourtant, dès mars 1937, les unités de bombardement en piqué commencent leur transformation sur Ju 87.

Les Hs-123 sont reversés à des unités d'attaque au sol et lors de la crise des Sudètes, ils équipent 2 des 5 groupes spécialisés dans ce type d'assaut (Schlachtfliegergruppen).

A l'automne 1938, la production de Henschel est terminée et les avions sont destinés à des missions d'entraînement.


 
A la veille du déclenchement des combats contre la Pologne, seule une quarantaine de Hs-123 subsistent en première ligne au sein du II/LG2, le deuxième groupe du Lehrgeschwader 2.

Ce type d'unité spéciale d'entraînement opérationnel est composée de plusieurs pilotes qualifiés, avec pour mission d'expérimenter des techniques nouvelles de combat.

Une des escadrilles composant le groupe est d'ailleurs commandée par l'Oberleutnant Adolf Galland, futur grand as à plus de 100 victoires et futur Général commandant l'ensemble de la chasse allemande.

C'est vers 5 h00 au matin du 01/09/1939, que l'unité réalise la première mission d'appui au sol de la seconde guerre mondiale.

Opérant au plus près de la ligne de front, compte tenu de leur faible rayon d'action, les Hs-123 sont rapidement mis en oeuvre et les pilotes enchaînent les missions jusqu'à 4 au minimum par jour.

Là encore l'avion montre son efficacité, semant la panique dans les colonnes d'infanterie, de cavalerie ou d'artillerie hippomobile.



 

Sources:

Revue “Aéro Journal” n° 23 et 25,

“Flugzeug Profile” n° 42,

“Perfiles Aeronauticos” n° 2, Lucas Molina Franco

Revue “Wing Masters” n° 17 et hors-série n° 08,

Encyclopédie 2ème Guerre Mondiale n° 30 (Astrolabe),

Encyclopédie Mach 1 Vol 5 (Atlas).

Internet.


Alors que la Campagne de Pologne devait être la dernière pour cet avion, sa réussite lui permet d'être toujours présent lors de l'offensive à l'Ouest. Le groupe intervient alors le 10 mai 1940 en Belgique, au dessus des ponts du Canal Albert et contre les fortifications d'Eben Emael.

Le II/LG 2 aligne alors près d'une cinquantaine de machines.

Le lendemain c'est un terrain d'aviation belge qui est attaqué et les missions contre les positions alliées se multiplient.

Le groupe appui ensuite les panzers qui s'apprêtent à franchir la Meuse près de Sedan. Il soutient l'offensive dans les Ardennes avant d'être dirigé sur Cambrai. Là, les Hs-123 portent un coup d'arrêt à une contre-attaque alliée avançant sur Cambrai.

La dernière phase de la Campagne de France démarre le 5 juin et le II/LG 2 est chargé d'appuyer les troupes qui franchissent la Somme. C'est la journée la plus coûteuse puisque 3 avions seront perdus, surpris par les chasseurs français du GC I/6. Depuis le 10 ami, les pertes avaient été limitées à 2 avions.


L'offensive contre la France terminée, l'avion a donc confirmé son efficacité. Cependant, la modernisation des unités d'assaut se poursuit et le II /LG 2 se transforme sur chasseur bombardier Bf 109 E-7, le Hs-123 disparaît donc des unités de première ligne.

Cela reste momentané car la campagne des Balkans du printemps 1941, voit le renforcement du groupe par l'ajout d'une escadrille (staffel) supplémentaire de 22 Henschel.

 
L'ouverture du front à l'Est va permettre à cette poignée de Hs-123 de continuer à s'illustrer sur le champs de bataille. C'est bien souvent le seul avion capable de décoller des bourbiers que sont les terrains de campagne russes.

N'étant plus produit depuis plusieurs années, les appareils les plus aptes au combat sont alors récupérés dans les unites d'entraînement, certains remontés à partir de pièces détachées retrouvées dans ces écoles.

Une fois encore, l'avion échappe à sa mise au rebut et se forge une légende. En octobre 1941 par exemple, les Hs-123 sont les seuls à pouvoir intervenir dans des conditions climatiques extrêmes. Pendant 4 jours, leurs assauts répétés permettent  de dégager toute une division de Panzer, piégée par les Soviétiques. Otto Weiss, qui commande alors l'unité sera surnommé "le Lion de Kalinine".

La propagande y est aussi pour beaucoup dans cette anecdote où une escadrille de Hs-123 aurait détruit une cinquantaine de chars sans tirer un coup de feu.

Au retour d'une mission, munitions épuisées, les Henschel auraient piqués sur les engins russes.

Le bruit assourdissant de leur moteur aurait entraîné la panique chez les conducteurs soviétiques qui, en s'enfuyant, se seraient alors enliser dans un marais.

Les unités d'avions d'assaut sont réorganisées mais le Hs-123 est toujours présent, en Crimée et jusqu'à Stalingrad. L'avion rend de tels services qu'en janvier 1943, le Generaloberst Von Richthofen demande la relance de la production, chose impossible car l'outillage a été recyclé depuis plusieurs années.

Le peu d'avions disponibles va donc rester en ligne jusqu'en automne 1944, le Hs-123 étant alors le dernier biplan mis en oeuvre par la Luftwaffe.