Hawker Hurricane Mk I
N° 1 Squadron 04/1940



Même s' il ne bénéficie pas du même prestige que le Spitfire, le Hawker Hurricane a été d'une importance capitale pour la RAF, au début du second conflit mondial.

Suite au premier vol de son prototype en novembre 1935, il devient le premier monoplan à équiper la chasse britannique dès la fin de l'année 1937.


La structure de l'avion s'appuie sur des techniques de constructions éprouvées. Il bénéficie ainsi d'une excellente robustesse et sa simplicité de conception en facilite sa réparation.

Equipé d'un moteur en ligne Rolls-Royce Merlin II dont la puissance dépasse les 1 000 ch, il affiche d'excellentes performances, il est aussi le premier chasseur britannique à atteindre les 500 km/h.

Son plafond pratique dépasse les 10 000 m et son rayon d'action est de 845 km.

Enfin il bénéficie d'un armement lourd composé de 8 mitrailleuses de 7,7 mm installées dans les ailes.

Bien que moins performant que le Spitfire, le Hurricane se révèle très maniable, virant dans un mouchoir de poche. Facile à piloter, c'est surtout une excellente plate-forme de tir.

La première commande porte sur 600 avions, mais ce seront finalement plus de 14 000 exemplaires qui sortiront des chaînes de montage.



Au déclenchement du conflit, le Hurricane est ainsi la cheville ouvrière de la chasse britannique avec près de 500 avions en service dans 18 squadrons.

La bataille de France fut la première occasion de mettre en valeur les possibilités du Hurricane.  En particulier en combat tournoyant, face à son homologue de la Luftwaffe, le Messerschmitt Bf- I09.E. Bien que supérieur en vitesse, ce dernier s'avère surclassé en virage serré.

Le Hurricane va connaître son heure de gloire lors de la Bataille d'Angleterre.  Equipant la plus grande partie des unités de la chasse Britannique, il va engranger 80 % des victoires aériennes entre juillet et octobre 1940.

Finalement l'avion évoluera peu par la suite, en dehors de sa motorisation et de son armement. Il demeurera en service tout au long de la guerre, sur tous les fronts et dans divers utilisations : chasseur bombardier, chasseur de tanks, de nuit ou bien encore embarqué.

 

Le sujet qui nous intéresse est un Hurricane Mk 1, première version avec des ailes à revêtement entoilé, rapidement remplacé par un revêtement métallique. L'hélice est encore bipale et en bois, bientôt changée en cours de production par une tripale métallique.

Il porte la décoration du Squadron N° 1, envoyé en France dès la première semaine de la déclaration de guerre. Basé à Octeville dans un premier temps et équipé de Hurricane depuis octobre 1938, ce squadron est d'abord chargé de protéger le débarquement du corps expéditionnaire Britannique.

Faisant partie de l'Advanced Air Striking Force,  une des deux composantes aériennes envoyées en France, il doit protéger les squadrons de bombardement léger équipés en Fairey Battle et Bristol Blenheim.

Dés octobre 1939, l'unité est basée à Vassincourt dans la Meuse.

L'AASF est alors chargée de l'appui de l'armée française qui occupe la ligne de défense Maginot.

 


Les premiers mois de cette Drôle de Guerre sont consacrés aux patrouilles et à la chasse aux avions de reconnaissances allemands.

Le 30/10, le squadron enregistre alors la première victoire Britannique dans le ciel de France depuis 1918. Le Pilot Officer Peter "Boy" Mould abat un Dornier 17P en mission photographique.

L'activité est néanmoins restreinte puisque le squadron n° 1 termine l'année 1939 avec seulement 4 victoires.

L'hiver neigeux est particulièrement rude ce qui réduit d'autant plus les opérations. Cependant, à l'approche du printemps, les vols de patrouille reprennent avec des incursions de la Luftwaffe de plus en plus fréquentes.


C'est le 29/03/1940 que le Flying Officer Paul Richey ouvre son palmarès en abattant un Messerschmitt Bf.109 E.

Fils d'un militaire de carrière, il est né le 07/05/1916 à Chelsea. Paul a réalisé une partie de sa scolarité en Suisse, il a aussi suivi sa famille à travers l'Europe et notamment en France.  C'est donc un parfait polyglotte.

Il s'engage dans la RAF en 1937 pour être affecté l'année suivante au Squadron n°1 qui est encore équipé de biplan Hawker Fury.

Cette première victoire n'est pas obtenue au dépend d'un avion de reconnaissance ou d'un bombardier mais bien contre le meilleur chasseur de l'ennemie, prouvant ainsi que le Hurricane est un adversaire dangereux.

 
Au cours du printemps, la pression monte et le squadron n° 1 revendique alors 23 victoires .

Toutefois cela reste sans commune mesure avec la période qui s'ouvre à partir du 10/05/1940, le jour du déclenchement de l'offensive allemande.

L'unité va alors connaître une dizaine de jours particulièrement éprouvants.

Pour ce premier jour du Blitzkrieg, des nuées de bombardiers ennemis fondent sur les positions et les terrains alliés. Paul Richey effectue 3 missions dans la journée et il enregistre sa seconde victoire contre un Dornier 17 Z. Il est au commande de l'avion représenté qu'il surnomme son "bien aimé G".

Le squadron est alors transféré au nord ouest de Reims, sur le terrain de Berry-au-Bac.

Le lendemain, avec son avion fétiche, il intercepte à 9h45 une formation de 5 Dornier 17 du III/KG 76. Il  pourchasse l'un deux qui s'enfuit en piquant en direction de l'Allemagne. Après avoir fait taire le mitrailleur arrière, il touche le moteur de l'ennemi qui commence à perdre de l'huile. Mais ses munitions sont épuisées, il doit abandonner le bombardier criblé de balles non sans avoir effectué autour de lui un demi-tonneau, dans un dernier geste de défi.  Pour le Dornier cela se termine par un atterrissage d'urgence mais Paul Richey est perdu et bientôt à court de carburant.  Il décide de se poser sur le terrain de Tournes près de Charleville-Mézieres. Malheureusement, il endommage son avion à l'atterrissage, roulant dans un cratère, car l'endroit vient d'être bombardé. Si Paul peut rapidement rejoindre son unité, l’appareil, en revanche termine ici sa carrière, détruit au sol dans les jours qui suivent.

Ce même jour, vers 19h15, Paul est de nouveau engagé avec 4 autres pilotes, dans une mission d'interception d'un raid d'environ 40 bombardiers.

Les Britanniques sont alors pris à parti par l'escorte d'une douzaine de Messerschmitt Bf 110. Dans la mêlée furieuse qui suit, le Hurricane démontre ses qualités manœuvrières et les anglais ne revendiquent pas moins de 6 bimoteurs allemands.

Alors qu'il vient de descendre son second Bf 110, Paul se retrouve isolé et poursuivi pendant près de 15 minutes, par 5 ennemis dont il ne parvient pas à se débarrasser. Son avion en feu, il doit alors se résoudre à se parachuter, il est cependant sain et sauf.

 

Sources:

“Les Victoires de l’Aviation de Chasse Britannique”, Arnaud Gillet,

“Ciel de Guerre n° 9”

“Batailles Aériennes” n° 3, 7 & 8,

“Avions” n° 168,

“WingMasters” n° 2 & 6,

Internet.


Pour le squadron, les missions s'enchaînent à un rythme infernal entre la protection du terrain, l'escorte des bombardiers tentant de ralentir les colonnes allemandes et l'interception des raids de la Luftwaffe.

La Wehrmacht est en train de traverser la Meuse  à Sedan et l'unité est aux premières loges.

Ainsi, le 14/05, le Squadron n° 1 déplore ses deux premiers pilotes morts au combat.

Le 15/05, Paul Richey est de nouveau aux prises avec des bimoteurs Bf 110. Il revendique deux nouvelles victoires mais son avion est touché au réservoir et il est contraint de sauter en parachute pour la seconde fois, toujours sans égratignure.

Commence alors une phase de replis successifs, les chasseurs du Squadron 1 couvrant la retraite des soldats et des réfugiés.

Le 19/05, 12 Hurricane de l'unité interceptent à 11h00 une formation de Heinkel 111. Sept bombardiers sont descendus et Paul Richey participe à la destruction de trois.

Cependant son Hurricane est touché pour la troisième fois en moins de 10 jours. Cette fois il est physiquement atteint d'une balle dans le cou. Son sang éclabousse le pare-brise et il est à demi inconscient. Il réussi à se poser en urgence, train rentré, en rase campagne. Des soldats français se portent à son secours et il est évacué à l'hôpital de la Ferté-sous-Jouarre puis transféré à Neuilly.

En raison de l'état d'épuisement des hommes, les pilotes du squadron  sont remplacés et renvoyés en Grande Bretagne. Cependant l'unité va poursuivre sa retraite vers l'Ouest jusqu'en Normandie près de Rouen.

Le Squadron n°1 sera ainsi un des derniers à évacuer la France à la mi-juin, dont une bonne partie des hommes par bateau depuis St Nazaire.

A l'issue de cette campagne, se sont 125 victoires qui sont revendiquées par le squadron dont 86 pour la seule période du 10 au 19 mai. Ceci pour la perte de 22 avions, 2 pilotes tués, 1 prisonnier et 2 blessés graves.

 


Paul Richey est au repos jusqu'au 26/05. Il sort de l'hôpital en pleine débâcle mais parvient à rejoindre l'Angleterre par avion où il va poursuivre sa convalescence.

Titulaire de 9 victoires à cette date, il est décoré pour ses exploits en France.

Il occupe alors contre son grès, différents postes éloignés des combats.  Finalement il peut rejoindra une unité de première ligne au printemps 1941 : le squadron 609. Il enregistre alors deux nouvelles victoires, sur Spitfire cette fois.

Il devient célèbre suite à la publication d'un ouvrage autobiographique, qui va connaître alors un immense succès.

Intitulé "Fighter Pilot", le livre est une parfaite description des combats aériens et un témoignage poignant sur la Campagne de France.

Cela lui vaut d'être affecté à l'état-major du Fighter Command.

Devenu Squadron Leader, il prend le commandement  du 609 Sqn équipé de Hawker Typhoon jusqu'en octobre 1942.

Nommé Wing Commander, il est ensuite transféré en Inde afin de mener une étude destinée à aider les pilotes de la RAF à combattre les japonais. A peine arrivé, il est victime de plusieurs maladies jusqu'en 04/1943, date à laquelle il va prendre effectivement ses fonctions. Cependant son rapport sans concession n'est pas très bien accueilli par les locaux.

Il est finalement nommé à la tête d'une escadre sur Hurricane mais sur un secteur où les opérations se font rares.

En butte à de nouveaux problèmes de santé, il rejoint la métropole au printemps 1944. Jusqu'à la fin de la guerre, il occupe alors plusieurs poste d'état-major.


De retour à la vie civile en 1946, Paul Richey exerce essentiellement une activité de journaliste aéronautique. Profondément francophile, il s'installe alors dans  l'Hexagone et voyage beaucoup.

Il rejoint la Royal Auxiliary Air Force où il commande le 601 Sqn jusqu'en 1952. Titulaire de plusieurs décorations, il oeuvre pour le rapprochement des relations franco-britanniques, il reçoit d'ailleurs la Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur en 1982. De retour en Angleterre à cette date, il y décède le 23/02/1989.