
Pour notre Armée de l'Air, le MS 406 symbolise l'état de notre aéronautique, à l'approche de la seconde guerre mondiale.
Lors de sa mise en service en mai 1938, il est le premier chasseur français à répondre aux critères modernes : monoplan, train escamotable, habitacle fermé, équipement radio etc.
Motorisé par un V 12 Hispano Suiza de 860 CV, il peut atteindre à 5000 m, la vitesse maximum de 486 Km/h. Son autonomie est de 1100 km et son plafond pratique de 9400 m. Enfin, il est armé d’un canon de 20 mm dans l’axe de l’hélice et de deux mitrailleuses de 7,5 mm dans les ailes.
Pour l’époque, il affiche donc des performances honorables.
Construit à plus de mille exemplaires, il représente ainsi le passage de notre industrie aéronautique encore au stade artisanale, à la production en grande série.
Le Front Populaire, par ses nationalisations et les fusions qui les accompagnaient, avait rendu possible la modernisation de notre industrie.
Mais cela ne s’était pas fait sans difficultés, et le retard accumulé n’était donc pas totalement résorbé, au moment de la déclaration de la guerre.
Si cet avion était donc considéré en 1937 comme le « meilleur chasseur du monde », le formidable bond technologique réalisé par les nations industrielles, à la veille de la guerre, le rendait déjà dépassé deux ans plus tard.
Cependant, les appareils destinés à le remplacer prenant du retard, il va donc constituer l’épine dorsale de notre chasse, pendant toute la Campagne de France.
En 1940, le Morane est donc obsolète. Il manque de puissance, donc de performance, et connaît de surcroît des problèmes techniques qui sont liés à la mise en œuvre de nouvelles technologies. D’un pilotage agréable, il a en sa faveur une bonne maniabilité.
Aux mains de pilotes qui le maîtrisent bien, il se révèle néanmoins un adversaire à ne pas négliger. Au cours de la Campagne de France, ces hommes vont finalement enregistrer 190 victoires aériennes plus 90 probables, et certains d’entre eux obtenir même le statut d’As, uniquement sur cet appareil.
Pour bien faire, on pourrait aussi ajouter les victoires des pilotes Finlandais contre l’aviation Soviétique. Ce conflit est en effet l’autre zone d’opération majeure où est intervenu le MS 406. Mais c’est là une autre histoire, pour un autre lieu.