Vickers Wellington Mk IA
N° 75 (NZ) Squadron 05/1940
Les premières versions du Vickers Wellington.


Moins célèbre que les quadrimoteurs Britanniques de la Seconde Guerre Mondiale, comme le Lancaster ou le Halifax, le Vickers Wellington reste le bombardier de la RAF le plus construit et celui qui eu la carrière la plus longue. Il sera utilisé pour l'entraînement jusqu'au début des années cinquante et  11 461 exemplaires sortiront des chaînes.


Pendant les premières années de guerre, il est la cheville ouvrière du Bomber Command pour son offensive stratégique contre l'Allemagne.

Il va servir ensuite sur tous les théâtres d'opérations: Moyen et Extrême Orient.  Enfin, comme patrouilleur maritime, il va jouer un rôle vital dans la lutte contre les sous-marins germaniques.


La genèse de l'avion remonte à 1932, suite à une spécification du Ministère de l'Air Britannique pour un bombardier moyen bimoteur. La doctrine en vigueur à cette époque, veut qu'une puissante flotte de bombardiers doit être capable de détruire aussi bien les forces militaires de l'ennemie que son potentiel industriel. Le bombardement doit devenir l'arme permettant la victoire.


Il faut cependant répondre aux restrictions définies par la Sociétés des Nations, lors des pourparlers sur le désarmement. Pour les bombardiers, il s'agit essentiellement de limiter le poids à vide et la puissance des moteurs.

 
L'avion est construit avec une structure dite "géodésique", imaginée par le célèbre ingénieur Barnes Wallis.  Il s'agit d'un treillis de raidisseurs en aluminium, recouvert de toile.

Ce mode de construction permet de gagner du poids tout en conservant une résistance au moins équivalente à une structure monocoque métallique.  Les forces sont réparties sur l'ensemble de la structure: même si une partie de l'avion est arrachée, l'ensemble n'est pas disloqué et permet le retour à la base de l’appareil.

Cette particularité explique la popularité du  Wellington auprès de ses équipages.

De plus la flexibilité de cette structure, le rendait plus "confortable", absorbant les secousses dans les zones de turbulences.

Facile à piloter, même sur un moteur, avec une bonne vue depuis le cockpit , docile à l'atterrissage, cela en faisait un des avions les plus aptes à voler par mauvais temps.


Le prototype effectue son premier vol le 15/06/36, il dépasse les exigences tant en rayon d'action qu'en chargement de bombes.

Le premier modèle produit en série, le Mk 1, diffère quelque peu de ce dernier, car répondant à de nouvelles spécifications. En effet, les limitations en poids et en puissance ne sont plus à l'ordre du jour.

Le fuselage est agrandi pour augmenter la capacité d'emport et l'avion est équipé de Bristol Pegasus en étoile. Il est alors prévu de commander d’autres types, différenciés par la motorisation : Mk II avec des Rolls-Royce Merlin en ligne, et Mk III avec des Bristol Hercules en étoile.

 

Le premier vol du Mk 1 a lieu en décembre 1937 puis l'avion entre en service en 10/1938.

A la déclaration de guerre, plus de 180 appareils ont été livrés, équipant dix squadrons de la RAF.

Pendant ce laps de temps, des tests et des manœuvres sont effectués.  Cela conduit à envisager des modifications pour les modèles ultérieurs, notamment sur les tourelles de défenses, jugées peu efficaces.

C'est pourtant sur ce type Mk 1 que seront effectuées les premières missions.

Aussi, dès l'entrée en guerre, une nouvelle version entre alors en production: le MK 1A.

Ce modèle met en oeuvre un certain nombre d'améliorations destinées au futur Mk II.

Il est prévu de pouvoir changer facilement de moteurs, soit des Merlins, soit des Pegasus. Finalement seuls ces derniers seront installés.

La modification la plus visible est le remplacement des postes de tir de nez et de queue. Des tourelles  motorisées Frazer Nash remplacent les postes fixes de la version précédente. Une tourelle ventrale rétractable est installée et on monte un système de largage du carburant. L'augmentation du poids nécessite un renforcement des trains d'atterrissages et le diamètre des roues augmente.


Motorisé par des Bristol Pegasus XVIII de 1050 ch,  l'avion peut atteindre à 4570 m une vitesse de 380 km/h. Son plafond pratique est de 5640 m. Avec un rayon d’action de 4105 km, il peut transporter plus de deux tonnes de bombes. La défense est assurée par six mitrailleuses Browning de 7,7 mm réparties dans les trois tourelles. Enfin un équipage de cinq puis de six hommes est nécessaire.

187 machines seront construites avant que le Mk 1C entre à son tour en service en mars 1940.

Des premiers modèles de Wellington, c'est cette dernière version qui sera la plus construite avec 2685 exemplaires. Les changements portent sur de nouveaux systèmes électriques et hydrauliques, une modification du nez permettant d'augmenter le débattement de sa tourelle, en fait des modifications dictées par l'expérience des premiers combats.

La tourelle ventrale par exemple sera abandonnée, car elle ralentie la vitesse de façon excessive lors des phases de combat, là où justement l'avion en a le plus besoin. Elle sera replacée par deux postes de tirs latéraux.

Cependant c'est essentiellement avec le Mk 1A que les premières missions d'envergure sont réalisées, notamment les opérations effectuées de jour.

 
Les premières missions de jour.


A la déclaration de guerre, la RAF n'a pas la puissance nécessaire pour s'opposer à des représailles de la Luftwaffe. Pendant la "Drôle de Guerre"  les missions sur le territoire de l'Allemagne sont interdites, ceci afin d'éviter toute provocation en risquant de toucher des civils.

Le Bomber Command se trouve donc privé de sa mission stratégique principale: frapper les centres industriels et le coeur économique de l'ennemi.

Les cibles terrestres étant supprimées, la seule option restante est l'attaque de la marine allemande, tout en évitant de le faire au mouillage,  les bombes pouvant tomber sur les terres.


C'est en suivant ces strictes directives que les premières missions sont donc réalisées.

Le jour même de la déclaration de guerre du 03/09/39, le Wellington débute sa carrière opérationnelle par une reconnaissance armée au dessus des eaux allemandes, neuf avions y participent des n°37 et 149 Squadron.

Le lendemain, une force de quatorze Wellington et de quinze Blenheim est envoyée à l'attaque de navires. La météo n'est pas très bonne et plusieurs équipages ne trouveront pas leurs cibles.

Les objectifs des Wellington sont deux navires de guerre, à l'entrée du canal de Kiel. Un seul avion parvient à larguer ses bombes sur l'objectif mais sans réelle efficacité. En revanche, la formation est interceptée par des Bf 109 du II/JG 77 qui abattent deux avions du n° 9 Sqn. Le Fw Alfred Held revendique le premier, qui devient ainsi la première perte du Bomber Command.

 
A cette époque, les missions sont réalisées sans escorte de chasseurs car ils n'ont pas encore l'autonomie suffisante.

On considère que les feux croisés des mitrailleurs, dans une formation compacte de bombardiers, sont capables d’assurer la défense.


Ce sont les premiers modèles Mk 1 qui ont été utilisés pour cette attaque car le remplacement par des Mk 1A ne démarre que courant septembre.


Pour les unités de Wellington, les mois suivant voient le nombre des sorties de jour limité.

On se rend compte de la difficulté de s'attaquer à de petites cibles mouvantes et bien défendues, comme le sont les navires de guerre.

La plupart du temps, l'objectif n'est pas repéré, d'autant que les conditions météos sont souvent mauvaises.

Les équipages effectuent alors de nombreux exercices, afin d'augmenter leur efficacité opérationnelle.


Lorsqu'en décembre 1939,  de nouvelles missions importantes sont lancées contre la flotte ennemie, les unités sont en majorité équipées de la version améliorée Mk 1A.

 
Le 3/12/1939, une force de 24 Wellington des 38, 115 et 149 Sqn, est expédiée au dessus du golfe d'Héligoland. Le bombardement des cibles repérées est effectué à haute altitude et n'aura pas de résultat tangible. En revanche la formation défensive adoptée par les bombardiers semble être efficace. L'attaque des chasseurs ennemis est contrée, aucune perte n'est enregistrée alors même qu'un Messerschmitt Bf 109 est abattu. Le mitrailleur de queue John Copley sera récompensé par une médaille pour cette victoire.


Une des raisons expliquant l'échec des allemands, est leur manque d'expérience face à une cible de la taille d'un Wellington. Du fait de l'incertitude sur les capacités défensives des bombardiers anglais, les chasseurs n'auraient pas effectués leur attaque à bonne distance.

La RAF pour sa part, considère que cela démontre l'efficacité des formations compacts de bombardiers, qui se protègent mutuellement.

Malheureusement, en moins de deux semaines cette conclusion hâtive est remise en cause.


Le 14/12/1939 va connaître le plus grand engagement aérien depuis le début de la guerre. Parmi les 44 bombardiers envoyés contre les navires allemands, il y a douze Wellington du 99 Sqn.

Ces derniers sont expédiés sur des objectifs près de Wilhelmshaven.

Le plafond est bas et les bombardiers doivent effectuer leur attaque au ras des flots, les obligeant à traverser une Flak intense. S'ajoute ensuite l'apparition d'une vingtaine de chasseurs : des Bf 109 du II/JG 77 et Bf 110 du 2/ZG 26. Cinq bombardiers sont finalement descendus, un autre s'écrasant à l'atterrissage.

Malgré ces pertes, les équipages semblent satisfaits de la puissance de feu de leurs tourelles lorsqu'ils se soutiennent mutuellement: ils revendiquent de leur côté cinq chasseurs, bien que les Allemands ne reconnaissent qu'une seule perte.

 

Photographie aérienne de la base navale de Wilhelmshaven en 1939.