Vickers Wellington Mk IA (suite)
N° 75 (NZ) Squadron 05/1940

Le Bomber Command persiste donc, et le 18/12/1939, ce sont cette fois 24 Wellington qui décollent pour le même objectif.

Si deux appareils font demi-tour pour des problèmes de moteurs, le reste de la formation des n°9, 37 et 149 Sqn traverse la Mer du Nord sous un ciel dégagé.

Ils ignorent cependant qu'un radar expérimental a été installé sur l'île de Wangerooge. Ce dernier les a  détecté et suit leur mouvement. 

Cela n'empêche pas les avions anglais d'approcher leurs cibles. Quand à la suite des événements, plusieurs hypothèses ont été avancées.

Pour certains, les bombardiers ont trouvé les navires amarrés au port. Pour ne pas risquer de toucher les civils, ils ont donc largué leur charge en mer avant de s'en retourner : c'est la version Britannique "officielle".

En revanche, les témoignages semblent indiquer que les bombardiers ont bien prononcé leur attaque. Devant la densité de la DCA, ils ont alors été contraints de rompre leur formation, et de lâcher leurs bombes pour gagner de l'altitude. En s'éparpillant ainsi, ils sont alors devenus plus vulnérables aux attaques des chasseurs qui sont arrivés sur zone.

Ce qui est sûr, c'est que les pertes anglaises vont s'avérer dramatiques. Plusieurs unités de  Messerschmitt Bf 109 et  Bf 110, vont participer à la "curée", soit près de 80 chasseurs.  Au final ce sont dix Wellington qui sont abattus, plus deux autres qui amerrissent avec leurs réservoirs percés. Enfin trois bombardiers effectuent des atterrissages forcés à leur arrivée en Angleterre. De leur côté les allemands perdent trois avions dans l'affaire.

 



Le haut commandement britannique estime néanmoins que c'est la dislocation de la formation, qui est responsable du niveau important des pertes. Pourtant les rapports allemands indiquent clairement, que c'est au contraire la rigidité de ces dispositifs qui leur a facilité le travail, leur laissant le temps d'adopter le meilleur angle d'attaque.


De nouvelles améliorations sont encore décidées sur l'avion, elles sont mises en oeuvre sur sa nouvelle version Mk 1C: des réservoirs auto-obturants par exemple,  ou encore l'abandon de la tourelle ventrale, remplacée par des mitrailleuses disposées dans les flancs du fuselage.

Enfin, le Bomber Command va définitivement abandonner ce type d'action, pour se tourner vers les missions nocturnes.


Pour l'anecdote, il faut signaler que l'un des deux derniers Wellington encore visibles de nos jours, est un avion survivant de cette attaque. Il a été repêché dans les années 1980, au fond du Loch Ness,  là où il s'y était abîmé après une panne moteur.


 


Les débuts du N° 75 Squadron dans le conflit.


La Nouvelle Zélande avait commandé pour sa défense 30 bombardiers Wellington.

Une unité fut donc crée le 01/06/1939, pour l'entraînement et le convoyage des six premiers avions livrés.

A la déclaration de guerre, ce flight est composé de 12 pilotes et 6 "rampants", commandés par le squadron leader M.W. Buckley.

Le gouvernement néo-zélandais décide aussitôt de mettre l'unité et les avions, à la disposition de la RAF.

Pour ces hommes, même si l'avenir est incertain, c'est ensemble qu'ils souhaitent combattre.

Si dans les premiers mois de guerre, il y a bien d'autres néo-zélandais, pilotes pour la plupart, au sein de la RAF, ils sont répartis dans différents squadrons.

Ce flight est en revanche la seule unité constituée, même si elle doit être complétée par du personnel britannique.

Pendant la période où le Bomber Command s'évertue à attaquer la marine allemande de jour, cette petite unité poursuit son entraînement.

Elle occupe différentes bases et s'étoffe en personnel.

Surtout, l’existence d’une formation constituée de personnels du Commonwealth, est un puissant symbole de la solidarité de l'Empire Britannique. Les deux gouvernements s'accordent donc le 01/03/1940, pour la création d'un squadron complet.

En lui attribuant le n° 75, le (NZ) squadron est officiellement né le 01/04/1940 et Feltwell est désignée comme sa base opérationnelle. Un deuxième flight viendra compléter l'unité le 29/04/1940.

Le groupe devient ainsi le premier du Bomber Command qui est essentiellement constitué de personnels du Commonwealth.

Entre-temps, l’unité poursuit son entraînement, et il va même réaliser sa première sortie en opération, le 27/03/1940.  Ce soir là, 3 avions décollent pour une mission nocturne de largage de tracts, au dessus du territoire Allemand. Malgré des conditions de vol qui s'avèrent difficiles en raison du froid et d'un ciel agité, les 3 avions sont de retour sains et saufs.

Ce type de raid appelé "Nickel", est régulièrement exécuté depuis le début de la Guerre, par le Bomber Command,. Si l'on peut douter de l'efficacité de ces missions sur le moral de la population ennemie, en revanche ils permettent aux équipages d'acquérir une inestimable expérience, dans le vol de nuit et la navigation.  Comme les autres squadrons de Wellington, le n°75 en exécute plusieurs dans les premiers mois de 1940.

 
L'invasion du Danemark et de la Norvège, le 09/04/1940,  va de nouveau permettre au Bomber Command, de réaliser des opérations beaucoup plus offensives. 

C'est en effet la seule composante de la RAF capable d'intervenir en nombre sur un théâtre d'opération aussi éloigné. Pour cela les équipages de divers squadrons sont alors détachés sur des bases situées en Ecosse.


Les bombardiers britanniques vont concentrer leurs efforts sur deux objectifs: les lignes de communication maritime et les terrains d'aviation du Danemark et de la Norvège, occupés par la Luftwaffe.

Les missions au dessus de la Mer du Nord, sont souvent réalisées dans des conditions météorologiques difficiles, et les équipages ont bien du mal à trouver leurs objectifs.

L'aérodrome de Sola près de Stavanger fait l'objet d'une première attaque le 11/04. La Flak parvient à descendre un des 6 Wellington.

Le lendemain, c'est encore de jour que s'envole un total de 83 bombardiers dont 36 Wellington. Leur objectif est cette fois la marine allemande. La plupart des avions ne trouvent pas leurs cibles, en revanche ils sont confrontés à une forte opposition de la chasse. Aux 3 Wellington descendus, s'ajoutent 6 Hampden. Pour la RAF, ce résultat scelle de manière définitive, les raids d'importances exécutés de jour et sans escorte.  Ce 12/04, un équipage du n°75 Squadron exécute une mission de reconnaissance importante, sur la région de Narvick. Le vol dure 14 Heures 1/2, ce qui est à cette date, un record pour la RAF.

Le Bomber Command va néanmoins poursuivre de façon sporadique, ses attaques contre les terrains d'aviation en Norvège.

C'est justement dans la nuit du 17 au 18/04, que le 75 Sqn réalise sa première mission de bombardement : 2 avions sont envoyés sur Stavanger.

Un dernier raid d'importance est ensuite réalisé de nuit, le 30/04/1940. 50 bombardiers dont 16 Wellington, s'en prennent aux terrains de Sola, Fornebu et Aalborg (Danemark), 3 Wellington sont alors perdus.

Le bilan reste mitigé pour ces opérations. La Luftwaffe ayant la supériorité aérienne, la réalisation des missions sans escorte est donc bien hasardeuse.

A cela s'ajoute les conditions météo hivernales, l'éloignement des bases, et des forces engagées en quantité limitée. La RAF ne parvient pas réellement à gêner l'arrivée des renforts allemands. Les troupes alliées constatent cependant une réduction de l'activité aérienne de l’ennemie, lorsque ses bases sont bombardées.

 

Sources:

Warpaint series N° 10,

Vickers-Armstrongs Wellington (4+ publication),

Wellington in action (squadron signal publication),

Vickers-Armstrongs Wellington, Ken Delve (Crowood aviation series),

Divers n°  de la revue  WingMasters,

Internet.


Lorsque l'offensive à l'ouest est lancée le 10/05/1940, cela ouvre de nouveaux champs d'action pour les bombardiers.

Le 75 Sqn va alors connaître une augmentation significative de son activité.

La nuit même du 10/05, 36 Wellington dont 3 du 75 Sqn, sont envoyés bombarder le terrain hollandais de Waalhaven.

Cette opération semble être un succès puisque le lendemain matin, l'armée hollandaise reprend momentanément possession de la base.


Tout au long de cette campagne, le Bomber Command va intervenir dans des missions visant à ralentir l'avance ennemie.

Même si ses bombardiers ne sont pas réellement conçus pour ce type de mission tactique, l'évolution désastreuse de la situation impose la mobilisation de tous les moyens.

Généralement, les objectifs visés sont alors situés aux arrières immédiats de la ligne de front: convois, concentrations de troupes, carrefours, gares de triage, ponts etc.


Dans le même temps, et après la destruction de Rotterdam le 14/05/1940 par la Luftwaffe, les dernières réticences à bombarder l’Allemagne disparaissent.

Le Bomber Command se trouve ainsi “tiraillé” entre les missions stratégiques visant l'industrie allemande, et les missions plus tactiques, destinées à ralentir l'invasion de la France, d’autant qu'à cette date, le front a été percé à Sedan.

 
Le 75 Sqn participe ainsi à la première mission visant spécifiquement le territoire germanique.

Dans la nuit du 15/05, 6 de ses avions parmi 99 bombardiers,  s'envolent pour attaquer plusieurs objectifs sur la Rhur. En priorité ce sont les raffineries qui sont visées, mais les nuages gênent l'identification des cibles.

Deux nuits plus tard, le squadron envoi de nouveau 6 avions se joindre à une force de 50 bombardiers.

Les mêmes objectifs sont visés ainsi que des ponts près de Namur, Dinant et Givet. Là encore, la mauvaise visibilité empêche la réalisation de la mission.


Cependant, la majorité des 43 sorties réalisées par le 75 Sqn  dans le restant du mois de mai, sont en fait des appuis aux forces terrestres alliées.

Dans la nuit du 19/05,  ce sont 11 Wellington dont 7 du 75 Sqn, qui larguent des bombes incendiaires sur les forêts autour de Fumay et Bouillon. A ces endroits, sont concentrées les réserves de munitions et d'essence de l'ennemi.

Malgré une forte DCA, des coups au but sont enregistrés et de nombreux feux sont allumés. Un obus traverse un avion du 75 Sqn sans exploser. Aucune perte n'est heureusement à déplorer.

Mais dans la nuit du 21/05, lors d'une opération visant des cibles sur les rives de la Meuse, près de Dinant et Namur, le 75 Sqn enregistre cette fois ses premiers morts au combat: le Mk 1C du F/Lt J.L. Collins est descendu en flamme (2 tués et 3 prisonniers).

Lors de l'évacuation de Dunkerque, le squadron participe encore à plusieurs missions de nuit, toujours dans le but de harceler et de ralentir l'armée allemande. Sont visées les villes occupées par les Allemands, les routes et voies de chemin de fer. Les actions de ce type se poursuivent début juin et jusqu'à la capitulation de la France.

Après les opérations défensives visant à empêcher le débarquement de l'armée allemande en Angleterre, l’action des Wellington du 75 Sqn va alors se concentrer sur des objectifs purement stratégiques.

Une longue page s'ouvre alors pour cette unité: celle de l’offensive nocturne au dessus du territoire du IIIe Reich et ce, jusqu'à la victoire finale.